mercredi 3 février 2010

Le flic, la blonde et les parachutes


Ca y est. Rien ne va plus dans le microcosme politique de Seine Saint-Denis. La liste UMP pour les régionales a enfin vu le jour dans la douleur dans le département. Avec un coup de théâtre en guise de cerise sur le gâteau: à la place de Patrick Toulmet, élu valdoisien (cherchez l'erreur), d'abord désigné pour conduire la liste, un autre nom nom est sorti du choixpeau magique: celui de Bruno Beschizza, secrétaire général du syndicat de police Synergie, en poste à Rosny-sous-Bois.

Inutile de dire que les dents grincent et que l'émail s'use du côté des élus locaux.

"Le 9-3, c'est Sainte-Mère-L'Eglise", entend-on ricaner ça et là. Le parachute de Toulmet s'est en effet accroché en haut de la construction fragile qu'est la campagne de l'UMP pour les régionales. Le parachuté a glissé sur l'ardoise polie mais pentue du carriérisme politicard local, et c'est celui de Beschizza qui s'est ouvert avec plus de fortune.

Pour la petite histoire, la droite locale a versé dans la querelle de clocher (c'est le cas de dire). Cependant, il ne faut pas s'y tromper, c'est du bordel organisé. Le grand ordonnateur du désordre ambiant? L'ineffable défenseur du devoir de réserve pour les écrivains français et expert incontesté de la distillation de fiel: Eric Raoult, que je ne présente plus.

Au départ, il avait choisi le mauvais cheval: Roger Karoutchi en avait fait son porte-parole lors de la primaire qu'il l'avait opposé à Valérie Pécresse pour la désignation de la tête de liste régionale l'an dernier. La campagne s'était arrêtée quand à l'issue du premier débat au Raincy, Raoult avait fait en sorte d'humilier Pécresse en remplissant la salle de de jeunes karoutchistes bariolés et exaltés.

Cela n'a servi à rien puisque la Ministre de l'Enseignement Supérieur a remporté la tête de liste régionale. Rien d'étonnant d'ailleurs, pour une femme qui semblait maîtriser ses dossiers, face à un homme qui les connaissait sans doute mieux qu'elle, mais qui a préféré se saborder en rabâchant un one-man-show d'inspiration pagnolo-pasquaiesque à chaque meeting. La bonhomie provençale ne paie plus en Ile-de-France.

Bref, Raoult avait choisi le perdant et au lieu de faire contre mauvaise fortune bon coeur, il a préféré entrer en guerre larvée contre une ministre. Quitte à faire perdre son camp. Il a d'abord découragé toute candidature locale en Seine Saint-Denis. Et oui, en tant que président de la fédé UMP, il reste le grand patron des investitures. Tout élu qui tient un tant soit peu à voir reconduire son mandat s'est bien gardé de lever la main quand il a demandé s'il y avait des candidats pour la tête de liste départementale. Il s'est ensuite présenté comme l'Unique, le Sauveur, le seul à pouvoir faire le job. Alors même que, touché par le cumul de mandats, il aurait du démissionner sitôt élu. Mais il n'en est pas à une farce près. Bien entendu, Pécresse n'en a pas voulu et a tenté de débaucher en douce des élus du coin hostiles au député-maire du Raincy. Simplement, en politique, si on n'est pas sûr d'achever quelqu'un du premier coup, surtout plus puissant que soi, il ne faut pas prendre le risque de le blesser. Personne n'a suivi. Du coup, il restait la solution du parachutage, bien pratique pour Raoult qui avait besoin d'un prétexte pour traîner des pieds sans que cela passe pour du racisme anti-blondes primaire. Du coup, ce fut Toulmet qui fit le bouche-trou en attendant que Beschizza, le choix du Château, soit disponible, élections syndicales obligent.

Raoult a tout de même eu gain de cause sur quelques winners: les brillants conseillers généraux UMP sortants en Seine Saint-Denis, à savoir la fantomatique Martine Valleton, n°4 sur la liste, casaque bleu foncé (plus personne ne se souvient de son visage), le gentil Alain Ramadier, n° 11, casaque bleu foncé (trop gentil sans doute) et le maire de Rosny-sous-Bois, Claude Pernès, n° 5, casaque bleu clair, que l'on sait gravement malade. Le Nouveau Centre tire la campagne à bout de bras depuis le début (et les marrons du feu) avec en n°2, casaque bleu clair aussi, l'épouse du député-maire de Drancy, Aude Lavail-Lagarde. Toulmet n'est pas totalement évincé puisqu'il conserve la place n°3. Même Kamel Hamza, l'assistant parlementaire d'Eric Raoult, qui pleurnichait récemment sur C+ (voir le post du 18 janvier dernier) que Pécresse faisait fi des candidats issus de la diversité, décroche tout de même la 7ème place. Pour un pauvre renégat, ce n'est pas si mal...Seule surprise sur cette liste, l'absence de Madame Raoult, que l'on s'attendait à trouver en embuscade, tapie derrière son masque de blush. Mais ça aurait obligé son mari à faire campagne...

En résumé, parmi les 5 premiers de la liste, éligibles en cas de défaite, on trouve...une seule UMP, en n°4, en la personne de l'ex-maire de Villepinte, qui avait pourtant disparu des écrans radar du microcosme politique local depuis quelques années.

Avec ça, dépasser les 20% dans le département tiendrait du miracle, surtout qu'en face, Abdelhak Kachouri (PS) et Stéphane Gatignon (Europe Ecologie), s'ils ne font pas une campagne exceptionnelle, font au moins l'unanimité dans leur propre camp.

Et ce n'est pas en qualifiant la campagne de Pécresse de concours de beauté que le député-maire du Raincy risque d'élever le niveau.

Je crois qu'en général, on a les politiques que l'on mérite...Mais là, tout de même...

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