Il y a 7 ans
mercredi 2 décembre 2009
Ile-de-France 2010: le jeu des chaises musicales
Je vais encore une fois ici parler de politique, mais vous aurez deviné que c'est mon dada. Je veux bien m'essayer à un post sur le football ou les courses de Noël, mais ma pertinence (oui, j'ai la faiblesse de penser que je maîtrise un peu mon sujet) en serait réduite d'autant.
Aujourd'hui, nous allons donc étudier les têtes de liste et les cailloux qui, ça et là, vont aller se loger dans les chaussures de nos chers politiques.
Présentons tout d'abord les forces en puissance:
- A gauche, le président sortant de la région est Jean-Paul Huchon (dit Polochon), ancien directeur de cabinet de Michel Rocard à Matignon, ancien maire de Conflans Sainte Honorine (Yvelines), en place dans le fauteuil depuis 1998. Malgré un CV plutôt bien rempli, le charisme ostréicole de Polochon peine à se faire une place au soleil parmi les ténors socialistes franciliens. Côté casseroles, ça n'est pas encore le pedigree de Jacques Chirac, mais ça n'est pas reluisant non plus. Le 21 novembre 2008, Jean-Paul Huchon a été condamné en appel à 6 mois de prison avec sursis et 60 000€ d'amende pour prise illégale d'intérêts lors de marchés publics. Pour faire simple, le Conseil régional avait fait appel entre 2002 et 2003 à des sociétés de com' qui employaient...la propre femme de M. Huchon! La sentence en première instance contenait une peine d'inéligibilité qui a été abandonnée en appel.
- A gauche aussi, Cécile Duflot, la nouvelle égérie des Verts. A 34 ans, l'adjointe au maire en charge de l'urbanisme de Villeneuve-Saint-George (Val-de-Marne) est actuellement le poil à gratter de Polochon. Grâce à "Europe Ecologie", le rassemblement monté pour les européennes de 2009, réunissant toutes les formations, associations et personnalités sensibles aux problèmes environnementaux, elle a fait sortir les écolos de l'image de gentils rêveurs fumeurs de pétards et mangeurs de légumes bio où les avaient jetés les José Bové et Noël Mamère. La nouvelle crédibilité des Verts, c'est elle. A tel point qu'elle ne craint pas de faire cavalier seul pour les régionales, forte du récent succès d'Europe Ecologie aux européennes, ce qui ennuie beaucoup ses amis socialistes. D'habitude, ces derniers réservaient la portion congrue aux écolos, en leur remontrant qu'ils n'atteindraient jamais les 5% des voix nécessaires pour pouvoir fusionner les listes après le premier tour. Résultat, les Verts négociaient une ou deux places éligibles sur la liste socialiste. Ces derniers, magnanimes, leur concédaient une vice-présidence en cas d'élection. Là, le récent succès électoral d'Europe Ecologie aux européennes perturbe sérieusement la donne. Les socialistes risquent de se retrouver en position de quémandeurs de sièges, et ça file des cauchemars à Polochon...
- A droite, Valérie Pécresse, la rescapée de primaires à l'UMP qui ont failli tourner au pugilat. Cette surdouée, ancienne élève d'HEC et de l'ENA, est Ministre de l'Enseignement supérieur depuis 2007. Elle est députée des Yvelines et conseillère régionale. Pécresse prône le renouvellement politique, ce qui fait grincer pas mal de dents à l'UMP, et notamment les dentiers des vieux barons du RPR.
Côté casseroles, pas grand chose si ce n'est un début de campagne poussif, voire même comique.
- Côté centristes, André Santini, pour le Nouveau Centre, a fait alliance avec l'UMP en négociant plutôt bien quelques têtes de listes départementales.
François Bayrou, pour le Modem, nous a sorti de son chapeau orange un illustre inconnu, issu de la société civile, Alain Dolium. Le pauvre novice va se faire manger tout cru par les fauves lâchés dans l'arène de la campagne électorale. Déjà, les médias et le Mouvement Démocrate trouvent formidable qu'il soit noir, ce qui augure un cortège plutôt fourni en vexations, remarques acerbes et a prioris en tous genres. Pour promouvoir la diversité, en politique comme ailleurs, rien n'est plus efficace que de faire comme si c'était tout à fait normal qu'un noir, une personne d'origine asiatique, zouloue ou iroquoise occupe des foncions importantes. Car ça l'est. Est-ce qu'on fait campagne sur la couleur de cheveux de Valérie Pécresse? Non. J'espère sincèrement qu'on ne verra de cet homme que sa couleur politique, pendant cette campagne, mais j'en doute...
Côtés listes départementales, quelques couacs:
- Rama Yade, sommée de se parachuter dans le Val d'Oise (il est vrai que l'énarque et la fille de diplomates qu'elle est aurait sans doute fait couleur locale à Enghein-les-Bains ou à Montmorency...), a tenu bon et sera finalement en lice dans les Hauts-de-Seine, son département.
- Julien Dray, député socialiste de l'Essonne est aujourd'hui le pestiféré de son mouvement. Conseiller régional sortant, vice-président en charge de la Jeunesse, il fait l'objet d'une enquête judiciaire pour abus de biens sociaux. Julien Dray, amateur de jolies choses et notamment de montres de luxe, semble avoir eu quelques soucis à gérer ses revenus par le passé et s'être servi de plusieurs associations pour traverser une mauvaise passe financière. L'enquête est toujours en cours. Dray ne nie pas être un mauvais gestionnaire de ses biens personnels et un flambeur, mais il réfute les soupçons de détournements de fonds publics.
Néanmoins, un député socialiste amateur de bling-bling et soupçonné de fraude pour maintenir un train de vie de nabab, ça fait tache chez ses camarades. Dray a eu beau protester, brandir la présomption d'innocence, rien n'y a fait. Il ne figurera pas sur la liste socialiste dans l'Essonne. Chez les roses, on peut être riche, mais il ne faut surtout pas que ça se sache...
- En Seine-Saint-Denis, le député-maire du Raincy bien connu des lecteurs de ce blog a encore fait son Raoult. Après s'être assuré que personne ne briguerait la tête de liste UMP dans le département (personne n'est assez fou pour s'opposer au patron de la fédé départementale, grand gardien des investitures), il s'est posé comme le superhéros qui s'y collait pour sauver son territoire d'un parachutage fort mal venu.
Sauf qu'en haut lieu, personne n'en veut, pas plus Pécresse que le Château. Résultat: le choixpeau magique de Valérie Pécresse a sorti...Patrick Toulmet, président de la Chambre de Commerce et d'Artisanat de Seine-Saint-Denis, sans étiquette, élu municipal d'opposition à Sarcelles. Oui, je confirme, Sarcelles n'est pas en Seine-Saint-Denis, mais dans le Val d'Oise. Le plus drôle, c'est que la nouvelle tête de liste départementale de l'UMP se répand en louanges dans la presse sur l'action de...Polochon, notre actuel président de région, socialiste, vous vous rappelez? Polochon, il ne fait pas campagne et il a bien raison: l'opposition le fait pour lui!
Côté rouges (je rappelle que le 93 est un ancien fief communiste), ça sent le sauve-qui-peut général, entre ceux qui guignent du côté du Parti de Gauche de Mélenchon, et ceux qui, à l'instar du jeune maire de Sevran, Stéphane Gatignon, en ont marre d'attendre que Marie-George fasse sa Perestroïka et vont proposer bruyamment leurs services à Europe Ecologie...
A suivre donc, puisque la composition des listes va bientôt être connue.
Détail important: les élections régionales auront lieu les 14 et 21 mars 2010.
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