Il y a 7 ans
mercredi 16 décembre 2009
Jour ordinaire de grève à la RATP...
Depuis 7 jour, les conducteurs de la ligne A du RER, gérée par la RATP, ont débrayé. Afin d'assurer le service minimum, ce sont les cadres et les agents de maîtrise qui aident les conducteurs non grévistes à assurer au minimum un train sur deux en période de pointe.
En heures creuses, en revanche, le trafic est quasi-nul.
Il y a deux jours, les usagers ont demandé à ce que la grève soit suspendue en raison du froid. En effet, si les gares parisiennes sont enterrées pour la plupart, à l'abri du froid, les quai en banlieue sont à l'air libre, pas toujours couverts, et attendre 20, 30 ou 40 minutes quand les températures descendent sous le zéro est une manière assez peu agréable de commencer ou de finir sa journée de travail. Sans compter toutes les conséquences pour la santé: c'est encore le meilleur moyen de finir sous sa couette à greloter avec 40°C de température...
Rien n'y a fait. Les syndicats n'en démordent pas. Ils réclament une prime permanente de 120€ mensuels et une prime de 30€ variable, motivée par la dégradation des conditions de travail ces dernières années, due à l'explosion du trafic. Par exemple, en 2003, il y a eu, sur le RER A, 7 jours où le trafic a atteint le million de voyageurs. En 2009, il y a déjà eu 180 jours à un million de voyageurs.
Certes. Cependant, ce qui me chafouine dans l'histoire, c'est qu'on n'entend pas les conducteurs demander une rénovation et une amélioration du réseau de transports franciliens. Bien évidemment, ça n'est pas leur rôle.
Mais les usagers paient chaque année leur abonnement un peu plus cher, pour voir les conditions de transport se dégrader dans les mêmes proportions. Je vous passe les trains bondés, ceux qui sont annulés sans raison, les travaux annoncés à la dernière minute qui vous font courir d'une gare à l'autre pour pouvoir attraper votre RER, ou encore les correspondances tellement bien assurées qu'en descendant du train, vous attendez 15 minutes votre bus, ou vous le voyez passer sous votre nez.
Les conducteurs veulent donc être payés plus pour supporter des conditions de travail qui se dégradent. Soit. Dans cette même logique, nous devrions demander à payer moins cher notre abonnement ou notre ticket, pour les mêmes raisons...La loi sur le service minimum stipule que le remboursement des titres de transport n'intervient que dans le cas où le fameux "train sur deux" n'est pas assuré aux heures de pointe. Donc, si vous bossez en décalé, que vous prenez les transports en heures creuses et que vous doublez ou triplez votre temps de transport tous les jours, vous êtes le dindon de la farce.
Ajoutez à cela que la Régie, pour l'instant, exclut tout geste commercial, dans la mesure où elle assure le service minimum.
Pour l'instant, la direction de la RATP n'envisage pas de céder à la pression des conducteurs. Pour l'instant...
Si elle cède, j'invite les usagers à demander un remboursement au moins partiel de leur abonnement. Oui, soyons logiques jusqu'au bout. Si on paye plus cher les conducteurs pour travailler sur des lignes bondées, on devrait aussi dédommager financièrement les voyageurs.
Les conséquences seraient ubuesques, bien évidemment. Un réseau de transport qui coûterait chaque jour plus cher à la RATP, à la SNCF et au STIF. Cela dit, ce serait peut-être par un mécanisme aussi pervers que l'on réussirait à obtenir une rénovation et une amélioration profondes du réseau.
Comment? Les usagers ne peuvent pas se mettre en grève? Non, c'est sûr, je me vois mal menacer par préavis la RATP ou la SNCF de prendre mon vélo pour aller travailler tous les jours jusqu'à nouvel ordre. D'autant que ça ne changerait rien au prix de mon pass Navigo.
Cela dit, nous sommes dans un pays civilisé. L'épreuve de force n'est pas toujours le seul moyen d'obtenir gain de cause.
Du moins osé-je l'espérer...
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dimanche 6 décembre 2009
Dimanche 6 décembre, jour de Saint-Nicolas
Le 6 décembre est un jour un peu particulier pour les Lorrains, et plus largement pour les habitants de la "Grande Région" (entre Rhin, Moselle, Sarre et Meuse, entre France, Allemagne, Belgique et Luxembourg). Saint Nicolas, que les Bataves appelèrent Santa Niklaus puis Santa Klaus, est l'ancêtre religieux de notre père Noël laïc et consumériste. Mais il n'est point question ici de discuter la portée sociétale et économique des fêtes de fin d'année.
Je saisis simplement cette occasion pour laisser libre cours à la nostalgie de mon enfance et de ma région, et souhaiter une joyeuse Saint Nicolas à tous ceux pour qui ce jour évoque l'odeur du pain d'épice, la saveur des papillotes fourrées au praliné et le défilé du vénérable évêque flanqué de son compère Fouettard.
Pour la petite histoire, Saint Nicolas, évêque de Myre, n'a jamais mis les pieds dans nos contrées rudes et continentales de son vivant. Il est né en Lycie, qui se trouve être dans l'actuelle Turquie, en bordure de Méditerranée, dans sa partie asiatique. Il a vécu entre 270 et 345 après JC. De sa vie réelle en tant qu'homme, et en tant qu'évêque, on ne sait pas grand chose. C'est son hagiographie qui est passée à la postérité.
En effet, le vénérable évêque aurait gagné ses galons de "saint patron des écoliers", à l'occasion d'une innocente balade à la campagne. Il vint à passer chez un boucher qui n'avait rien trouvé de mieux, sept ans plus tôt, que d'assassiner, de découper et de transformer en petit salé trois enfants qui s'étaient perdus, puis réfugiés dans son échoppe. Les raisons qui poussèrent un boucher de campagne au IVème siècle après JC à se livrer à ces sortes de loisirs pour le moins étonnants ne sont pas mentionnées dans la légende. Toujours est-il que Nicolas, pas dupe, demanda à ce que le boucher lui servît ce fameux salé, et pas un autre. Démasqué, le tâcheron s'enfuit et Nicolas, d'un coup de crosse magique, ressuscita les gosses.
Dans certaines traditions, le boucher fut puni pour l'éternité et condamné à accompagner Saint Nicolas dans ses visites annuelles aux petits enfants en prenant la forme du Père Fouettard, chargé de punir à coups de baguettes de noisetier les plus désobéissants.
Par contre, c'est après sa mort que Saint Nicolas met les pieds en Lorraine, ou plutôt le doigt.
A la fin du XIème siècle, un chevalier lorrain, Aubert de Varangéville, entreprit de voyager jusqu'à Bari, dans le sud de l'Italie, où les restes du saint venaient d'être transférés. La relique dans son entier était bien conservée et le pape avait expressément interdit qu'on l'approchât. En effet, le trafic des reliques avait pris un essor considérable à l'époque. Pour convaincre les nobles et les clercs venus pour l'occasion qu'il s'agissait bien des restes du vénéré évêque de Myre, il en exhibait seulement la "dextre bénissante". Une phalange, en somme.
Le chevalier de Varangéville ne fit rien d'autre que de soustraire le saint morceau à la garde du pape Urbain II, et de l'emporter séance tenante en Lorraine, où l'on entreprit l'érection d'une basilique pour le conserver et le faire adorer par les fidèles.
Néanmoins, bien mal acquis ne profitant jamais, il fallait que le saint montre que le vol de sa phalange était l'expression de sa volonté propre et non contrainte. C'est ainsi qu'en 1240, un autre chevalier lorrain, Cunon de Réchicourt, emprisonné dix ans plus tôt à Jérusalem lors de la 6ème croisade, se vit libéré miraculeusement après avoir prié l'intercession de Saint Nicolas. L'heureux homme, s'étant endormi dans sa cellule, se réveilla sur les marches de la basilique Saint Nicolas, en Lorraine. Ses chaines tombèrent pendant la messe qu'il fit célébrer séance tenante.
A la suite de cet épisode miraculeux, le culte de Saint Nicolas ne cessa de grandir en Lorraine. Car, de bien entendu, il ne pouvait s'agir d'autre chose que d'une marque d'estime du bienheureux évêque envers le brave peuple lorrain. Saint Nicolas, déjà saint patron des écoliers, et plus largement des enfants, devint le saint protecteur des Lorrains. Et continua à nous apporter, chaque année, ses délicieux pains d'épices à son effigie....
Dans ces deux légendes, on remarque que Nicolas prend toujours le temps de la réflexion avant d'agir: 7 ans pour ressusciter les mômes, 10 pour libérer le chevalier...Ce n'est pas forcément la caractéristique première de certains de ses illustres homonymes contemporains, mais je m'égare...
Ci-dessous, une jolie comptine de Saint Nicolas qui vous rappellera sans doutes quelques souvenirs
"Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Tant sont allés, tant sont venus
Que le soir se sont perdus
Ils sont allés chez le boucher
Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Ils n'étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués
Les a coupés en p'tits morceaux
Mis au saloir comme pourceaux
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Saint Nicolas au bout d'sept ans
Vint à passer dedans ce champ
Alla frapper chez le boucher
Boucher, voudrais-tu me loger ?
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Entrez, entrez Saint Nicolas
Il y a de la place, il n'en manque pas
Il n'était pas sitôt entré
Qu'il a demandé à souper
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Du p'tit salé, je veux avoir
Qu'il y a sept ans qu'est dans le saloir
Quand le boucher entendit ça
Hors de la porte il s'enfuya
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Boucher, boucher, ne t'enfuis pas
repens-toi, Dieu te pardonnera
Saint Nicolas alla s'assoir
Dessus le bord de ce saloir
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Petits enfants qui dormez là
Je suis le grand Saint Nicolas
Et le Saint étendant trois doigts
Les petits se lèvent tous les trois
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Le premier dit "j'ai bien dormi"
Le second dit "Et moi aussi"
Et le troisième répondit
"Je me croyais au Paradis"
En photo, le défilé de Saint Nicolas à Nancy en 2005.
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mercredi 2 décembre 2009
Ile-de-France 2010: le jeu des chaises musicales
Je vais encore une fois ici parler de politique, mais vous aurez deviné que c'est mon dada. Je veux bien m'essayer à un post sur le football ou les courses de Noël, mais ma pertinence (oui, j'ai la faiblesse de penser que je maîtrise un peu mon sujet) en serait réduite d'autant.
Aujourd'hui, nous allons donc étudier les têtes de liste et les cailloux qui, ça et là, vont aller se loger dans les chaussures de nos chers politiques.
Présentons tout d'abord les forces en puissance:
- A gauche, le président sortant de la région est Jean-Paul Huchon (dit Polochon), ancien directeur de cabinet de Michel Rocard à Matignon, ancien maire de Conflans Sainte Honorine (Yvelines), en place dans le fauteuil depuis 1998. Malgré un CV plutôt bien rempli, le charisme ostréicole de Polochon peine à se faire une place au soleil parmi les ténors socialistes franciliens. Côté casseroles, ça n'est pas encore le pedigree de Jacques Chirac, mais ça n'est pas reluisant non plus. Le 21 novembre 2008, Jean-Paul Huchon a été condamné en appel à 6 mois de prison avec sursis et 60 000€ d'amende pour prise illégale d'intérêts lors de marchés publics. Pour faire simple, le Conseil régional avait fait appel entre 2002 et 2003 à des sociétés de com' qui employaient...la propre femme de M. Huchon! La sentence en première instance contenait une peine d'inéligibilité qui a été abandonnée en appel.
- A gauche aussi, Cécile Duflot, la nouvelle égérie des Verts. A 34 ans, l'adjointe au maire en charge de l'urbanisme de Villeneuve-Saint-George (Val-de-Marne) est actuellement le poil à gratter de Polochon. Grâce à "Europe Ecologie", le rassemblement monté pour les européennes de 2009, réunissant toutes les formations, associations et personnalités sensibles aux problèmes environnementaux, elle a fait sortir les écolos de l'image de gentils rêveurs fumeurs de pétards et mangeurs de légumes bio où les avaient jetés les José Bové et Noël Mamère. La nouvelle crédibilité des Verts, c'est elle. A tel point qu'elle ne craint pas de faire cavalier seul pour les régionales, forte du récent succès d'Europe Ecologie aux européennes, ce qui ennuie beaucoup ses amis socialistes. D'habitude, ces derniers réservaient la portion congrue aux écolos, en leur remontrant qu'ils n'atteindraient jamais les 5% des voix nécessaires pour pouvoir fusionner les listes après le premier tour. Résultat, les Verts négociaient une ou deux places éligibles sur la liste socialiste. Ces derniers, magnanimes, leur concédaient une vice-présidence en cas d'élection. Là, le récent succès électoral d'Europe Ecologie aux européennes perturbe sérieusement la donne. Les socialistes risquent de se retrouver en position de quémandeurs de sièges, et ça file des cauchemars à Polochon...
- A droite, Valérie Pécresse, la rescapée de primaires à l'UMP qui ont failli tourner au pugilat. Cette surdouée, ancienne élève d'HEC et de l'ENA, est Ministre de l'Enseignement supérieur depuis 2007. Elle est députée des Yvelines et conseillère régionale. Pécresse prône le renouvellement politique, ce qui fait grincer pas mal de dents à l'UMP, et notamment les dentiers des vieux barons du RPR.
Côté casseroles, pas grand chose si ce n'est un début de campagne poussif, voire même comique.
- Côté centristes, André Santini, pour le Nouveau Centre, a fait alliance avec l'UMP en négociant plutôt bien quelques têtes de listes départementales.
François Bayrou, pour le Modem, nous a sorti de son chapeau orange un illustre inconnu, issu de la société civile, Alain Dolium. Le pauvre novice va se faire manger tout cru par les fauves lâchés dans l'arène de la campagne électorale. Déjà, les médias et le Mouvement Démocrate trouvent formidable qu'il soit noir, ce qui augure un cortège plutôt fourni en vexations, remarques acerbes et a prioris en tous genres. Pour promouvoir la diversité, en politique comme ailleurs, rien n'est plus efficace que de faire comme si c'était tout à fait normal qu'un noir, une personne d'origine asiatique, zouloue ou iroquoise occupe des foncions importantes. Car ça l'est. Est-ce qu'on fait campagne sur la couleur de cheveux de Valérie Pécresse? Non. J'espère sincèrement qu'on ne verra de cet homme que sa couleur politique, pendant cette campagne, mais j'en doute...
Côtés listes départementales, quelques couacs:
- Rama Yade, sommée de se parachuter dans le Val d'Oise (il est vrai que l'énarque et la fille de diplomates qu'elle est aurait sans doute fait couleur locale à Enghein-les-Bains ou à Montmorency...), a tenu bon et sera finalement en lice dans les Hauts-de-Seine, son département.
- Julien Dray, député socialiste de l'Essonne est aujourd'hui le pestiféré de son mouvement. Conseiller régional sortant, vice-président en charge de la Jeunesse, il fait l'objet d'une enquête judiciaire pour abus de biens sociaux. Julien Dray, amateur de jolies choses et notamment de montres de luxe, semble avoir eu quelques soucis à gérer ses revenus par le passé et s'être servi de plusieurs associations pour traverser une mauvaise passe financière. L'enquête est toujours en cours. Dray ne nie pas être un mauvais gestionnaire de ses biens personnels et un flambeur, mais il réfute les soupçons de détournements de fonds publics.
Néanmoins, un député socialiste amateur de bling-bling et soupçonné de fraude pour maintenir un train de vie de nabab, ça fait tache chez ses camarades. Dray a eu beau protester, brandir la présomption d'innocence, rien n'y a fait. Il ne figurera pas sur la liste socialiste dans l'Essonne. Chez les roses, on peut être riche, mais il ne faut surtout pas que ça se sache...
- En Seine-Saint-Denis, le député-maire du Raincy bien connu des lecteurs de ce blog a encore fait son Raoult. Après s'être assuré que personne ne briguerait la tête de liste UMP dans le département (personne n'est assez fou pour s'opposer au patron de la fédé départementale, grand gardien des investitures), il s'est posé comme le superhéros qui s'y collait pour sauver son territoire d'un parachutage fort mal venu.
Sauf qu'en haut lieu, personne n'en veut, pas plus Pécresse que le Château. Résultat: le choixpeau magique de Valérie Pécresse a sorti...Patrick Toulmet, président de la Chambre de Commerce et d'Artisanat de Seine-Saint-Denis, sans étiquette, élu municipal d'opposition à Sarcelles. Oui, je confirme, Sarcelles n'est pas en Seine-Saint-Denis, mais dans le Val d'Oise. Le plus drôle, c'est que la nouvelle tête de liste départementale de l'UMP se répand en louanges dans la presse sur l'action de...Polochon, notre actuel président de région, socialiste, vous vous rappelez? Polochon, il ne fait pas campagne et il a bien raison: l'opposition le fait pour lui!
Côté rouges (je rappelle que le 93 est un ancien fief communiste), ça sent le sauve-qui-peut général, entre ceux qui guignent du côté du Parti de Gauche de Mélenchon, et ceux qui, à l'instar du jeune maire de Sevran, Stéphane Gatignon, en ont marre d'attendre que Marie-George fasse sa Perestroïka et vont proposer bruyamment leurs services à Europe Ecologie...
A suivre donc, puisque la composition des listes va bientôt être connue.
Détail important: les élections régionales auront lieu les 14 et 21 mars 2010.
mardi 1 décembre 2009
Le 93, les Roms et les bonnes paroles
S'il est une population dont vous prenez conscience de l'existence en arrivant en région parisienne, et plus particulièrement en Seine-Saint-Denis, ce sont les Roms. Ces populations de tradition nomade arrivent le plus souvent des Balkans. Dans des caravanes, des habitations de fortune, ils vivent dans des "camps roms", installés sur des terrains en friche.
Le camp rom qui me frappe le plus aujourd'hui est celui de Bobigny. Aux abords du pont de Bondy, les caravanes se sont multipliées au fil des mois, allant jusqu'à former un véritable bidonville. Car c'est bien de bidonville qu'il s'agit. Ces gens vivent dans une extrême pauvreté, sur des terrains peu ou pas aménagés, dans le froid, la saleté, l'humidité. A l'approche de l'hiver, s'y installent également des tentes. Au bord de la nationale 3, aux abords de la ligne de tram n°1, en surplomb des berges du canal de l'Ourcq, le bidonville grandit.
Est-il possible d'imaginer les conditions de vie dans ces caravanes? Quand, frileusement, rentrant chez moi le soir, je pousse la porte de mon appartement bien chauffé, je me jette sous la douche, je me fais un café, que puis-je savoir de la vie dans une caravane montée de bric et de broc, avec des vitres fendues, où les toilettes sont dans des algeco, où le linge "sèche" sur des fils à l'extérieur, en plein mois de novembre, où il n'y a ni eau courante ni électricité? Rien.
A Montreuil, également, des bidonvilles se créent et se défont au rythme des installations et des expulsions. Car il faut savoir qu'un bidonville "sauvage" pose un problème d'ordre public et de sécurité. Outre tous les problèmes qui se posent aux riverains (pas d'évacuation des déchets, nuisances sonores, etc...)et aux mairies (recensement des populations pour la scolarisation des enfants, accès aux soins), ça flambe rapidement, une caravane. En mai dernier, un petit garçon de sept ans est décédé dans l'incendie d'un entrepôt désaffecté de Bobigny où s'étaient installées une centaine de caravanes. Cependant, c'est toujours délicat, l'expulsion d'un camp rom,et ce pour plusieurs raisons.
D'une part, l'expulsion (et l'arasement) d'un camp ne fait que déplacer le problème. Il est impossible, compte-tenu des problèmes de logement que connaît le département, de reloger ces personnes, ni en accueil d'urgence, ni en logement social. Les Roms expulsés ne font donc que se balader d'un terrain dangereux à l'autre.
Pour l'exemple, à l'été 2008, le plus grand bidonville de France, situé en bordure du périphérique, à Saint-Ouen, a été rasé, laissant sur le carreau plus de 500 personnes. Sur les 633 personnes du camp, seule une centaine a en effet été relogée...
D'autre part, l'expulsion pose un problème politique criant quand on déloge un camp rom pour "cacher" la pauvreté et la misère de ces gens aux yeux du beau monde.
Le 11 mars dernier, Nicolas Sarkozy était en visite à Vaujours, ce qui s'est traduit par l'expulsion manu militari de quelques caravanes qui s'étaient installées à proximité du passage présidentiel, à Sevran, sur un terrain de RFF.
"Ouh le vilain président de droite qui ne veut pas voir la misère!" a-t-on entendu à l'époque...
La semaine dernière, à l'occasion du Salon du Livre Jeunesse de Montreuil, le camp rom qui se trouvait en face de l'entrée VIP de la manifestation a été balayé par les bulldozers. Ses occupants ont été "relogés" dans des tentes à quelques mètres de là, hors de la vue des visiteurs illustres, tels le député et président du Conseil Général PS de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, le président PS de la région Il-de-France, Jean-Paul Huchon (Polochon pour les intimes, rapport à sa ressemblance physique avec l'inspecteur Derrick et à ses propriétés soporifiques) ou encore la sénatrice-maire de Montreuil, la Verte Dominique Voynet.
Ni la droite, ni la gauche ne détiennent encore la solution miracle d'un problème insoluble: la résorption de la grande pauvreté. Cependant, il serait de bon ton d'éviter de donner des leçons d'humanisme et de rester humble face à des situations qui mériteraient une prise en compte plutôt qu'une utilisation politique.
cf cet article: http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article12273
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