Il y a 7 ans
mardi 3 novembre 2009
Où est passé le bons sens politique à Paris?
Patrick Devedijian, président du Conseil général des Hauts-de-Seine, vient d'annoncer la création "d'Ile-de-France Métropole", plate-forme politique rassemblant une trentaine de maires, pour réfléchir et discuter de l'avenir de la métropole parisienne.
Remarquable initiative, diront certains, à l'aube des grands travaux sur la gouvernance de la Région.
Oui mais...
Pour ceux qui n'ont pas suivi, je fais succinctement ici un résumé des épisodes précédents.
En juillet 2006, Pierre Mansart, adjoint (PCF) au maire de Paris, lance sa bonne idée de l'année, la conférence métropolitaine. Partant du constat que l'hydre parisienne est ingouvernable du fait du nombre de pouvoirs locaux qui s'additionnent, se retranchent, se juxtaposent et s'annulent, il propose de rassembler les élus de la petite couronne autour d'une table pour réfléchir à ce que sera le Paris d'après-demain. Car en effet, l'Ile-de-France est livrée à elle-même depuis plus de deux décennies: pas de projet d'agglomération, pas d'amélioration patente des transports et du logement malgré un dynamisme démographique toujours plus fort.
Les élus de tous bords y sont conviés. Il s'agit de discuter, éventuellement de proposer, pas de décider. Dans un grand élan de fraternité républicaine, on se prend à rêver que l'intérêt général tienne la première place dans les discussions, pour changer...
Les élus de gauche s'y précipitent, les élus de droite, méfiants dès qu'il s'agit d'une initiative du camp adverse (ils n'ont pas l'habitude, les pauvres, voyez l'Assemblée Nationale!), se font prier.
Résultat, fin 2008, la Conférence métroplitaine se transforme en "syndicat mixte ouvert d'études Paris Métropole" (un "machin", comme dirait De Gaulle). La gauche s'y engouffre, ravie d'avoir une tribune supplémentaire pour stigmatiser le désengagement de l'Etat à un an des régionales. Les élus de droite font le pas de deux en regardant en direction de Nanterre. Que va faire le 92? Ira? Ira pas?
En avril 2009, Devedijian pose ses conditions pour entrer dans Paris Métropole:
- Limitation de la cotisation d'adhésion des collectivités
- Parité droite-gauche au sein du bureau
- Présidence tournante
Fin avril, dans son discours sur le Grand Paris à la cité de l'architecture, Nicolas Sarkozy dit que "Paris Métropole sera l'agora du Grand Paris".
Traduction pour les élus franciliens de droite: "Devedijian va gentiment adhérer et vous allez tous faire pareil...Et sans discuter!"
Sauf que...
Sauf que les élus de droite franciliens se sentent un peu cernés dans une région où les collectivités locales sont majoritairement à gauche. En résumé, ils ne veulent pas être les otages d'un outil de communication manoeuvré par les socialistes, qui en auraient à vrai dire bien besoin...En effet, quand on voit le bilan squelettique et les propositions poussives du candidat à sa réélection à la tête de la Région, Jean-Paul Huchon, on peut se dire qu'il aurait tout intérêt à mettre en avant Paris Métropole et à tirer sur les initiatives de la droite. Les autres grands élus socialistes, eux, ne ratent pas une occasion de flinguer le projet gouvernemental du Grand Paris.
Sauf qu'il ne le fait pas, pour des raisons sans doute connues de lui seul...Mais les élus de droite craignent qu'il le fasse, à quatre mois des régionales, et le 92 a finalement tranché: non à Paris Métropole, ce repaire de gauchistes, oui à "Ile-de-France Métropole"...
Quelques irréductibles, à droite, continuent de soutenir Paris Métropole, comme le sénateur Dallier ou le maire de Nogent Jacques Martin (il tient absolument à ce qu'on l'appelle Jacques JP Martin, mais je me dis qu'il faut assumer ses illustres homonymes...), cependant ils prêchent dans le désert.
Tombé à l'eau, le projet d'agglomération! Nous allons donc avoir deux visions du Grand Paris pour l'avenir. Si vos lunettes sont roses, voyez avec Paris Métropole. Si vos lunettes sont bleues, voyez avec Ile-de-France Métropole. Si vous vouliez de vrais débats sur les problématiques de transports, de logement, d'emploi, de formation, allez voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Ou en tout cas moins bicolore...
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